Cosey est l’un des plus grands noms de la bande dessinée suisse. L’auteur de la série « Jonathan », de « à la recherche de Peter Pan » et de nombreux autres albums cultes de la bande dessinée s’attaque depuis quelques années aux personnages les plus célèbres du dessin animé. Après son album sur Mickey paru en 2016, Cosey nous offre un extraordinaire « Minnie et le secret de tante Miranda ».
Comment vous êtes-vous lancé dans la bande dessinée ?
Par passion ! Je lisais beaucoup de bandes dessinées. Je me suis mis à les recopier. Puis, j’ai eu la chance de rencontrer Derib pour lequel j’ai été coloriste. J’ai fait les couleurs de « Go West » puis de « Yakari ». Au-delà d’une collaboration qui m’a permis d’apprendre beaucoup, une très belle amitié nous lie Derib et moi.
J’ai commencé comme dessinateur avec 3 mini récits publiés dans Le Soir Jeunesse. J’ai eu la chance d’avoir André-Paul Duchâteau (qui est également le scénariste de Ric Hochet entre autres) comme scénariste. Suite à cette expérience, j’ai proposé la série « Jonathan » et ma carrière d’auteur a commencé.
On vous a justement connu dans des albums beaucoup plus réalistes. Pourquoi avoir repris Mickey ?
Mickey est l’autre partie de mon rêve d’enfant. Je suis un grand fan de Disney, je suis même allé me présenter aux studios Disney où ils étaient prêts à me prendre comme assistant au début de ma carrière. Mais c’était pour faire du dessin à la chaîne et moi, j’avais besoin de créativité, de faire quelque chose de personnel, alors j’ai décliné.
De nombreuses années après, lorsque Jacques Glénat m’a proposé de faire un « Mickey à la manière de… », J’ai fait un bon de joie ! C’était une de ces surprises de la vie, totalement inattendue. J’adore Disney et grâce à cette collection, j’ai pu faire deux albums Disney créatifs.
Quelles sont selon vous les difficultés qu’on rencontre lorsqu’on reprend un personnage aussi populaire que Mickey ou Minnie ?
Ce qui est difficile, je pense, c’est de trouver un équilibre entre le fait d’être fidèle à l’image que les lecteurs se font des personnages et d’apporter quelque chose de nouveau. Il faut parvenir à étonner les lecteurs sans trahir les personnages.
Qu’avez-vous reçu comme cahier des charges de la part de l’éditeur ?
Carte blanche ! Rien, même pas une charte. Heureusement, les fondamentaux sont connus : pas de violence, pas de sexe… Mais cela va très loin. Par exemple, j’avais mis une tache de sang sur l’oreille de Mickey et lorsque la planche a été envoyée pour validation, on m’a dit que cela n’allait pas… Pas de sang dans un Mickey. Du coup, j’ai dû revoir la scène et faire passer la tache de sang pour une tache de peinture. C’était dommage car cela a changé mon histoire et si je l’avais su dès le départ, j’aurais travaillé différemment.
Pour l’album de Minnie, j’avais retenu la leçon et ce n’est plus arrivé.
Qu’est-ce que vous aimeriez que le lecteur retienne de votre vision de Minnie ?
Le lecteur est actif, il se fera sa propre opinion sur ma Minnie. Ce que j’ai voulu montrer, c’est le côté contradictoire de Minnie. D’un côté, elle est très fleur bleue, de l’autre, elle est dotée d’un sacré caractère… Mickey pourrait passer pour fade à côté d’elle ! Elle n’est pas du tout une femme soumise, d’ailleurs, elle entre dans une colère noire quand Pat Hibulaire l’envoie en cuisine ! J’aime ce caractère fort, et je suis amoureux de Minnie !
Peut-on qualifier cet album de féministe ?
Pourquoi pas… Cela va dans ce sens-là, même si ce n’est pas fait exprès. J’adore les personnages féminins et chez moi, les femmes ont toujours du caractère ! Minnie est une nouvelle forme de cette vision aux antipodes de la femme objet.
Avez-vous testé la recette du snowcake ?
Evidemment et c’est délicieux. A revoir par contre, les aiguilles de pin qui ne donnent pas autant de goût que ce que j’espérais, mais pour le reste, ce gâteau est excellent. Je voulais faire un gâteau à la neige, j’ai donc demandé à une amie pâtissière qui m’a donné des idées et techniques pour réaliser ce dessert.
Et maintenant, comptez-vous rester dans les aventures des personnages de Walt Disney ou nous réservez-vous d’autres surprises ?
Je n’ai pas encore une idée précise de ce que sera mon prochain album, mais ce ne sera pas un Disney. J’ai fait le tour de la question, en tout cas, pour le moment. Si un jour, je dois m’attaquer à un nouveau personnage de Disney, ce sera Dingo, mais je ne suis pas pressé. Je ne suis pas un grand fan de Donald et de ses colères noires.
Mon prochain album sera sans doute sur l’Himalaya, mais je ne pourrais pas en dire plus pour le moment car ce n’est pas vraiment précis dans ma tête !
Est-ce qu’il y a un album de votre production pour lequel vous avez une affection particulière ?
« A la recherche de Peter Pan » ! Dire que l’éditeur n’y croyait pas du tout… Mais quand on travaille avec le cœur… on a parfois de belles surprises et là, le lecteur a vraiment suivi !
Pour plusieurs de vos albums vous recommandez de la musique. Qu’est-ce que vous recommanderiez pour celui-ci ?
Pour Minnie, ce serait bien évidemment la musique des dessins animés de Disney des années ’30 !
Il y a quelques années, vous avez fait l’exercice de dessiner de dessiner un timbre…
Oui, c’était en 1992, un timbre Helvetia. J’avais fait un dessin original en plusieurs mini cases. J’avais envie de faire une petite BD sur un timbre. C’était une demande de la poste suisse avec un sujet libre et…un beau défi !
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?
De faire l’album inattendu qui surprendra tout le monde. J’espère toujours que mon prochain album sera le chef d’œuvre du siècle, à chaque fois, j’y crois et au final, je suis content de mon travail mais ce n’est pas encore l’album du siècle.
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