Article de Sébastien Delcampe réalisé pour l'Echo 2024 du Cercle des Cartophiles Enghiennois dont il est membre.
Quand j’étais enfant, je passais des heures précieuses chez mes grands-parents, Marthe Dresen et Aimé Deville, au numéro 63 de la Rue d’Argent. Leur maison était un petit cocon où chaque recoin racontait une histoire. J’adorais écouter leurs récits pleins de charme sur « la vie d’avant » à Enghien. Ils avaient cette façon de rendre chaque anecdote vivante et touchante. Et puis, un jour, ma chère Nénen Marthe m’a montré une carte postale. Pas n’importe laquelle : LA carte postale chère à son cœur. Et pour moi, sans doute la toute première carte ancienne que j’aie vue de ma vie. Elle brillait dans ses mains comme un trésor.
“Tu vois ce Monsieur, là, juste devant la porte à gauche ?” m’avait-elle dit avec son sourire complice. “C’est mon Papa ! Donc, ton arrière-grand-père !”
Et là, révélation ! Mon arrière-grand-père, Charles Defraene dit « Charlot » (il y avait beaucoup de surnoms donnés dans Enghien à cette époque !) était immortalisé sur une vieille carte postale… comme une star locale avant l’heure !
Notre ami Michel Braeckman racontait à son sujet dans un formidable article sur la rue d’Argent paru dans l’Echo de 2020 : « Au N°34 habitait donc Charlot et sa grande famille. C’était là que, chaque jour, très tôt le matin, les ouvriers communaux se réunissaient. Bien souvent, Julia, l’épouse de Charlot, leur offrait le petit-déjeuner sans oublier la petite goutte d’alcool qui mettait la compagnie de bonne humeur. Lorsqu’il fallait libérer un prisonnier qui avait purgé sa peine au cachot, c’est à ce moment-là aussi que les agents de police (les « champèters ») … se joignaient à la petite troupe. »


Charlot et Julia vivaient au-dessus de l’ancien arsenal des pompiers en haut de la rue d’Argent, avec leurs quinze (!) enfants, dont ma Grand-Mère, Marthe. Une vraie légende familiale, ce Charles !
Depuis mon enfance, les années ont passé, et un peu par nostalgie, j’ai commencé une collection de cartes postales d’Enghien. J’avais presqu’oublié cette carte quand un jour, il y a une dizaine d’années, miracle des miracles, elle a refait surface devant mes yeux tout émus. Elle était là, affichée sur mon site préféré, Delcampe.net (évidemment !). Je n’ai pas hésité une seconde : clic, clic, achetée ! Une petite victoire personnelle, comme si je ramenais un bout de l’histoire familiale à la maison.
Mais attendez, ce n’est pas fini… Voici venir l’anecdote « cerise sur le gâteau » !
Il y a deux ou trois ans, lors du repas de fin d’année de notre Cercle des Cartophiles Enghiennois, notre adorable Présidente Eliane avait eu la délicate attention de déposer une carte postale ancienne d’Enghien pour chaque convive, en guise de cadeau de Noël. Devinez quelle carte m’attendait, pile à côté de mon assiette, comme si le destin s’était dit : “Tiens, voilà un peu de magie en plus pour ce moment” … Eh oui ! LA carte, encore elle, avec notre Charlot, debout tout fier devant la porte de l’Hôtel de Ville.
Ma généreuse donatrice ne savait alors pas ce que cette carte représentait pour moi.
Autant dire que ce jour-là, j’ai failli verser ma petite larme … et ce n’était pas à cause du vin !