A la suite d’un concours en interne chez SEGA, Sonic le hérisson est donc destiné à devenir la mascotte que recherchait désespérément la marque. A présent que le choix s’est arrêté sur ce nouveau héros qui doit faire vendre des consoles, il ne reste plus qu’à travailler le personnage et l’univers dans lequel se dérouleront ses aventures…
Si vous avez suivi notre article précédent, vous n’êtes pas sans savoir que « Mr. Needlemouse » est donc devenu le grand gagnant du concours lancé en interne par SEGA. Ayant pour ambition de devenir la nouvelle mascotte de la marque, ce hérisson aux capacités de gameplay intéressantes est donc parfaitement taillé pour la nouvelle console de la firme : la Mega Drive (Genesis aux États-Unis).
Le nom « Mr. Needlemouse » sera remanié peu de temps après afin de mieux coller à l’esprit du jeu. Le hérisson portera donc le nom de Sonic en référence à sa vitesse de course.
Un héros à l’américaine
SEGA a à présent tout pour faire un hit : une console et une mascotte. Il ne reste plus qu’à en faire un jeu tellement impressionnant techniquement et avec une jouabilité si simple qu’il ne pourra que faire vendre un maximum de machines.
L’équipe de développement, fraîchement rebaptisée en « Sonic Team », a une mission de taille : faire de Sonic un vrai personnage emblématique. Pour cela il faut lui donner un certain charisme et développer tout un univers.
Pour rencontrer la route du succès, de petites modifications du héros seront nécessaires. L’entreprise japonaise n’en démord pas, il faut séduire le marché américain car si la sauce prend aux USA, leur nouveau jeu sera assurément un succès au Japon voire un hit mondial.
Nos experts doivent trouver la réponse à une question à priori simple mais existentielle : comment américaniser Sonic ainsi que son univers pour augmenter les chances que ce jeu devienne un hit?
Tout d’abord, en allant rechercher dans les cartons, un antagoniste de choix : le petit personnage rondouillard qu’affectionnait l’équipe lors du concours, véritable parodie du président Roosevelt. Il deviendra le Dr. Robotnik, ennemi juré de Sonic.
Ensuite, en soignant l’aspect esthétique du nouveau héros. En effet, notre hérisson à la vitesse supersonique a quelques particularités. Ne trouvez-vous pas que les yeux de notre héros dans sa première version ressemblent étrangement à un croisement entre ceux de Mickey Mouse et de Felix The Cat ?
Par ailleurs, la couleur bleue du logo de SEGA n’est-elle pas la même que celle de notre hérisson ? Quoi de plus idéal pour représenter la marque !
Notre mascotte se voit également équipée de chaussures. Cela lui ajoute un air sportif et colle à sa nouvelle capacité : la course. Si la forme des baskets est pointue, ce n’est pas par hasard. L’équipe de SEGA a trouvé l’inspiration auprès d’une légende américaine… Le King of Pop en personne !
Tout au long de sa carrière, le grand Michael Jackson a été un artiste innovant à tous les niveaux. Tout le monde se souviendra de son gant brillant, ses chaussettes blanches, ses sparadraps autour des doigts ou encore la veste iconique du clip Thriller.
L’équipe, apparemment fan du chanteur américain, a décidé de rendre hommage à la star en s’inspirant de sa tenue sur l’album « Bad ». C’est ainsi que la forme des grandes bottes noires portées part Michael donneront les traits des chaussures portées par Sonic.
Quant à la couleur rouge des baskets, celui utilisé sera la même que sur l’inscription « Bad » présente sur la pochette de l’album.
La boucle est bouclée ! Au niveau des codes couleur, le hérisson est donc bleu, porte des chaussettes blanches et des chaussures rouges. Tous les éléments du drapeau américain sont présents. Même les étoiles du « Stars and Stripes » n’ont pas été oubliées. On peut les apercevoir entourant le personnage lors de courtes phases où il devient invincible… Difficile pour la Sonic Team de faire plus américain.
Le « Roi de la Pop » gardera une histoire étroitement liée au hérisson. Lors du 3ème opus, il participera lui même à l’élaboration des bandes sons du jeu. Il suffit d’écouter la rythmique des titres : la patte de l’artiste est indiscutable.
Une dernière anecdote concernant la création de la mascotte ?
D’accord, mais il s’agit d’une rumeur cette fois ! L’attitude déterminée de notre héros aux baskets de course serait inspirée par… Bill Clinton. Eh oui, nous étions alors en 1990, il n’était à l’époque que gouverneur d’état de l’Arkansas mais faisait déjà parler de lui. Si cette rumeur est vraie, l’équipe aura été bien inspirée car près de deux ans plus tard Bill Clinton succédera à George Bush pour devenir le 42ème président des États-Unis.
On pourrait donc penser que Sonic ne serait au final qu’une somme d’éléments américains. Et pourtant… L’équipe a intégré des éléments japonais pour construire et donner du caractère à son personnage. Lors des phases de « Bonus Stage », Sonic a la possibilité de mettre la main sur des gemmes de pouvoir : les « Émeraudes du Chaos ». Lorsque notre petit hérisson bleu réunit les 7 pierres précieuses, il se transforme en « Super Sonic ». Son corps devient alors entièrement couleur or et ses piques se redressent.
Certains lecteurs auront probablement déjà fait le lien avec un des symboles de la pop-culture japonais : le manga (et l’anime) Dragon Ball.
Début des années 90, la télévision diffuse l’anime Dragon Ball Z où le héros, Son Goku, entame son combat, devenu culte, contre le tyran Freezer. Suite au meurtre commis sous ses yeux de son ami Krilin par le vil Freezer, Goku libère sa colère et se transforme pour la première fois en guerrier légendaire : le « Super Saiyajin ». Sous cette forme, ses cheveux se redressent et prennent la couleur or. Un très sympathique clin d’œil de la part des petits gars de chez SEGA.
Vous rêviez d’une mascotte ? Développez maintenant !
La « Sonic Team » en charge du développement du premier jeu est 100% japonaise. Il s’agit d’une petite équipe composée de 15 personnes. SEGA compte bien mettre la pression à l’équipe. Cela va être une course contre la montre pour sortir le jeu dans les temps. Un storyboard est mis en place, l’univers du jeu est défini et nos amis de la Sonic Team bossent d’arrache-pied sur le game design. Au programme : vitesse, plateforme, phase sous l’eau, zones bonus pour récolter des Émeraudes du Chaos et un seul et unique boss à la fin de chaque zone… le Dr. Robotnik (Eggman). La vitesse de déplacement du personnage est tellement rapide que certains testeurs sont pris de malaises. La vitesse sera donc revue à la baisse pour éviter ce genre de désagréments.
L’histoire est basique mais fait le succès de la série. Sur South Island, le Dr. Robotnik s’en prend à des animaux innocents et les transforme en maléfiques robots. Grâce à son agilité et sa capacité exceptionnelle à courir à la vitesse du son, Sonic le hérisson est le seul héros capable de réduire à néant le sombre dessein du scientifique fou.
Au final, la Sonic Team aura bien résisté à la pression fournie par SEGA. Elle aura su relever un challenge de taille en créant à la fois une nouvelle mascotte et un hit interplanétaire. Sonic The Hedghog a respecté les délais et les promesses faites ont été tenues. La cartouche de jeu Mega Drive trouvera donc sa place dans les foyers à partir de juin 1991, offrant au monde des graphismes et une sensation de vitesse encore jamais atteints jusqu’à présent. Un véritable régal pour les yeux de l’époque.
C’est donc grâce à la naissance de Sonic qu’Alex Kidd, précédente mascotte de SEGA pu définitivement prendre sa retraite. Le succès commercial du premier Sonic The Hedgehog fut tel que le jeu s’est vendu à plus de 15 millions d’exemplaires !
Une suite sobrement intitulée Sonic The Hedgehog 2 verra le jour l’année suivante, apportant à Sonic un nouveau compagnon d’aventure. Un renard du nom de Miles « Tails » Prower.
Ce fut le début d’une magnifique saga qui continue encore aujourd’hui de ravir les fans. Depuis, Sonic aura été, toutes consoles confondues, la star de plusieurs dizaines d’aventures vidéoludiques.
La fin de la guerre des mascottes
Chose totalement impensable dans le courant des années 90, Sonic est devenu par la suite la vedette d’une série de jeux vidéo où il partage l’affiche avec son alter-ego Mario, mascotte de Nintendo que l’on ne présente plus. Depuis 2008, les deux personnages se sont réconciliés pour nous offrir la série des « Sonic et Mario aux Jeux Olympiques ».
Cette alliance des deux héros jusqu’alors concurrents signera véritablement la fin de la guerre des mascottes…
On peut clairement dire qu’aujourd’hui Sonic fait partie intégrante de la pop-culture. Le hérisson bleu est connu de tous. Son succès commercial incontestable ne s’est pas limité au monde du jeu vidéo. Il fera notamment un passage par la télévision en devenant la vedette de plusieurs séries de dessins animés ainsi que de quelques comics.
Pour les amoureux du 7ème art, sachez qu’un film Sonic est prévu pour novembre 2019. L’acteur canadien Jim Carrey devrait y incarner, en « live action », le Dr. Robotnik, l’ennemi juré de Sonic. Quant à Ben Schwartz, il prêtera sa voix au hérisson bleu.
Et, pour le bonheur des petits et des grands collectionneurs, le hérisson de SEGA se retrouve partout : timbres, autocollants, pin’s, posters, mugs, peluches… Impossible de passer à côté de la licence Sonic The Hedgehog.
Fan de Sonic The Hedgehog ? Retrouvez les objets de collection de la mascotte de SEGA sur Delcampe !
Vous avez manqué la première partie de ce dossier ? Retrouvez la première partie de notre article consacrée à la guerre des mascottes.