La philatélie autour de Richelieu est un sujet riche en informations. Le cardinal de Richelieu, personnalité qui a marqué l’histoire de France à bien des égards, a donné son nom à un bateau dont les cachets connus sous le nom de « surcharge Richelieu » font partie de l’histoire postale.
La surcharge Richelieu, une opération juteuse !
Lors de son escale new-yorkaise de 1943 (de février à septembre), le Richelieu fut le théâtre d’un épisode de l’Histoire Postale. Il y avait à son bord un préposé des postes. Il fut abordé par des négociants en timbres avides de faire un gros coup. Ceux-ci avaient en mémoire les surcharges du paquebot « Ile-de-France » qui avaient rapporté gros. Aussi, avec l’aide du préposé des postes, ils auraient apposé des surcharges sur des timbres de l’époque. Le cachet de ces surcharges aurait été réalisé par l’imprimerie dans laquelle travaillait Emile Cabella à New York. C’est ce même Cabella qui avait à l’époque réalisé les surcharges de l’« Ile-de-France ».
Des informations lues dans l’étude « La surcharge « Bâtiment de ligne Richelieu » » écrite par Max Derouen du site http://1f50bersier.free.fr, regroupées avec les informations transmises par Samuel Gautré de la maison de vente La Postale Philatélie (qui a organisé en 2015 une vente consacrée aux surcharges Richelieu), il existerait plus ou moins 2000 timbres surchargés. La grande majorité (plus ou moins 1500) de ceux-ci serait des timbres d’1F50 brun-rouge à l’effigie du Maréchal Pétain. Il en existe toutefois sur d’autres timbres d’Afrique (Sénégal, Mauritanie, Algérie).
Vous trouverez ci-dessous les différents timbres sur lesquels une surcharge Richelieu est plausible.
France :
50c sur 75c brun (Iris).
80c brun (Pétain).
1F rouge (Pétain).
1F50 brun (Pétain) .
5F sur 10F (Vincennes).
5F (Hôtel-Dieu de Beaune).
10F (Angers).
Mauritanie :
2F rouge (couple maure).
Timbre d’Algérie Constantine surchargé Richelieu
3F vert (couple maure).
Sénégal :
1F brun-rouge (femme indigène).
1F 75 outremer (femme indigène).
25c noir (pont Faidherbe).
75c brun-rouge (mosquée de Djourbel).
1F25 rouge (mosquée de Djourbel).
Algérie :
1F75 bleu (Constantine)
Une surcharge dénuée de toute authenticité ?
Par contre et c’est surprenant étant donné que c’était de là que partaient les courriers, aucun timbre américain ne semble porter cette surcharge. Les courriers comprenant ces timbres surchargés sont extrêmement rares et sont, pour la plupart, adressés à Monsieur Dejean ou Monsieur André Peyre qui travaillaient tous deux aux P.T.T à Dakar.
La supercherie a été rapidement repérée. La presse new-yorkaise en fait état dès janvier 1944. L’agent postal qui avait permis la réalisation de ces timbres surchargés fut déféré au Tribunal Maritime. Toutefois, il fut acquitté car il n’aurait retiré aucun bénéfice de l’opération.
Cette surcharge aurait été déclarée comme « dénuée de toute authenticité » par le Tribunal de la Marine. C’est tout à fait discutable dans le sens où bien que l’origine de cette surcharge est douteuse et mercantile, il n’en reste pas moins qu’elle a été réalisée par un agent postal reconnu au moment des faits qui a outrepassé ses droits. Le terme « non-officielle » semble plus adéquat car on ne peut parler d’un faux dans de pareilles circonstances. Les surcharges sont d’ailleurs reprises dans de prestigieux catalogues mais restent controversées.
Comme elles sont rares, elles attisent les convoitises. C’est là qu’on voit apparaître des faux. Max Derouen nous a donné quelques clés pour les remarquer : la surcharge reconnue porte des cassures, une sur le cadre haut à droite (au-dessus du « o ») deux sur le côté gauche. Une double sur le bas à droite. On remarquera aussi la barre du « t » de bâtiment qui est plus courte à droite. Enfin, n’oublions pas que cette surcharge a été apposée à la main timbre par timbre. Nous ne pouvons que vous encourager à faire expertiser sérieusement les timbres et les courriers que vous souhaiteriez acquérir afin d’en affirmer l’origine.
Le cuirassé Richelieu, quelques mots sur son histoire
Après avoir été en chantier pendant 5 ans, cet immense bâtiment de 35 000 tonnes prit la mer en partant du port de Brest en juin 1940. Dépendant du gouvernement de Vichy, il rejoignit l’Afrique Occidentale Française et Dakar et lutta contre les Anglais. Suite à l’arrivée des Alliés en Afrique du Nord en 1942, le Richelieu changea de camp et se battit aux côtés de la coalition France-Angleterre contre l’envahisseur Allemand.
En 1943, il quitte l’Afrique pour rejoindre les Etats-Unis, puis il participe à la libération de Singapour en 1945 contre les Japonais avant de rentrer en France où il sera successivement amarré à Brest et à Toulon avant d’être condamné en 1967. Il fut démantelé l’année suivante en Italie.
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